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Le silence

Bon nombre de personnes vivant une dynamique de violence conjugale se montrent réticentes à l’idée de briser le silence. Pourtant, c’est un geste libérateur qui peut permettre de reprendre du pouvoir sur sa vie.

Pourquoi gardent-elles le silence ? Voici quelques éléments de réponse :

  • D’abord, il peut être difficile de concevoir que la personne que l’on aime, et qui peut s’être montrée très affectueuse et attentionnée au cours de la relation, adopte des comportements violents envers nous. Le fait de dévoiler les comportements violents de son partenaire peut aussi impliquer d’admettre l’échec de son couple. Plusieurs personnes croient qu’avec de l’amour, de la patience et du temps, elles pourront changer l’autre et tout finira par s’arranger. Malheureusement, nous savons que cela n’est souvent guère possible et que cet espoir est attribuable en majeure partie au cycle de la violence et à la socialisation vécue.

 

  • Puisque la violence conjugale est une dynamique qui s’installe de façon progressive et insidieuse à travers le temps, plusieurs personnes vivant cette problématique ne sont pas pleinement conscientes qu’elles la subissent. Se sentant vulnérabilisées, inadéquates, coupables et ayant une faible estime d’elles-mêmes, elles en viennent à croire qu’elles méritent ce qui leur arrive et/ou qu’elles en sont responsables.

 

  • Certaines personnes reconnaissent que ce qu’elles vivent est inacceptable et ont honte de s’être retrouvées dans une telle situation. La crainte d’être humiliées, incomprises ou jugées devient alors un motif pour garder le silence.

 

  • Certaines personnes vivant une dynamique de violence conjugale sont isolées, le partenaire ayant fait le vide autour d’elles. Elles se retrouvent alors totalement démunies, souvent sans ressources.

 

  • Les personnes vivant une relation empreinte de violence conjugale peuvent croire que discuter de leur situation les obligera par la suite à prendre la décision de rompre, en raison de la pression de leur entourage. Ainsi, elles demeurent muettes sur leur réalité.

 

  • Devant la possibilité de dénoncer leur agresseur, plusieurs victimes craignent pour leur sécurité et, s’il y a lieu, pour celle de leur(s) enfant(s). Diverses menaces, subtiles ou non, proférées par le partenaire, peuvent effectivement faire en sorte qu’une personne garde le silence (menaces de perdre les enfants, son emploi, la maison, d’être battue, violée, tuée, d’être responsable du suicide du partenaire, etc.).

 

  • En prenant la décision de quitter une personne adoptant des comportements violents, la personne subissant cette violence doit aussi souvent quitter sa résidence, son quartier et parfois même sa ville. La nécessité de rebâtir sa vie représente un défi pouvant faire en sorte que la relation violente soit maintenue, ou du moins, que la rupture soit retardée.

 

  • La séparation ne règle pas la violence. L’actualité nous le rappelle trop souvent. Même après la séparation, la violence peut perdurer et s’amplifier, et le risque d’homicide augmente pour la personne subissant de la violence conjugale et ses enfants. Cette réalité peut maintenir la personne dans une dynamique de violence.

 

Plusieurs autres motifs peuvent contribuer à ce qu’une personne vivant une dynamique de violence conjugale demeure dans le silence. Malgré les obstacles, la violence est inacceptable et personne ne mérite de la subir de quelque façon que ce soit.